Sloe, Labrador, au rapport de sa première oie

Sloe : Sloe Gin of Glaharama, est un jeune labrador de deux ans, que j'entraîne pour la compétition. Il vient de découvrir en action de chasse la rapport de l'oie et même plus d'une oie blessée.

En ce début de saison de chasse, j'accompagnais quelques chasseurs pour une levée d'étang en Sologne.
Cet étang est très grand, typiquement solognot, bordé d'une rivière sur un de ses flancs, bordé en partie de grands arbres et coupé de quelques presqu'îles.

Alors que nous nous approchions, les canards s'envolèrent tels des avions de chasse mais pas seuls : accompagné d'une compagnie de quelques dizaines de bombardiers entendez par là des oies.

Ces oies, des Bernaches, sont des oiseaux lourds et puissants, bien plus que le traditionnel gibier de chasse : faisans, perdreaux et canards.

Au fond de moi, j'espérais que quelques unes fussent tirées mais en même temps je savais que Sloe n'en avait jamais rapporté donc suspens!

Une levée d'étang ne dure pas trop longtemps et conduisant un labrador destiné aux Fields Trial j'ai attendu la fin de la levée pour envisager les premiers rapports.
Toujours est il que en plus de quelques colverts, j'avais repéré la chute d'une oie.

Prudent, je m'approchais de la zone où je savais la trouver. Je ne voulais pas cumuler les difficultés : la gestion d'un rapport compliqué dans l'aspect "gestion de ligne" (sujet que je vais aborder un de ces jours) et la découverte de ce gibier inhabituel et hors gabarit.
On me dit protecteur dans la gestion de l'entraînement de mes chiens et bien c'est vrai!
Donc je me trouvais, Sloe aux pieds, à une vingtaine de mètres de l'oie.
De mes yeux j'ai tout de suite compris quelle n'était que blessée, suffisamment pour ne plus voler.
Elle se plaquait à la surface de l'eau, immobile, tentant de se fondre avec cet élément.

Je dois avouer que je croisais les doigts!
Je ne m'avançais pas plus et pointait Sloe en direction de celle ci.
Au commandement, il plongea et se dirigea sur l'objectif désigné...

Il sentait l'odeur du gibier  et faisait preuve de beaucoup de détermination, mais Sloe est comme ça : la chasse il aime!
Sauf que lorsqu'il fût à quelques mètres de l'oie, elle plongea violemment et disparut sous la surface de l'eau.
C'est alors que le ballet à commencer : lorsque l'oie plongeait et disparaissait, mon labrador nageait en tournant en rond, se grandissant pour scruter la surface de l'eau et repérer la sortie de l'oiseau. Il se dirigeait alors sur celui ci d'une nage assurée et puissante. À son approche l'oie plongeait encore et réapparaissait quelques dizaines de mètres plus loin.
La Bernache utilisait cette technique pour semer son adversaire en mettant de la distance entre elle et lui et en essayant de se soustraire à sa vigilance.
Mais ... Sloe a assuré, ayant déjà pratiqué cette technique sur quelques colverts, il finissait toujours par la repérer et s'en approcher toujours un peu plus près à chaque nouvelle tentative.

Elle a également usé d'une autre défense : après une plongée elle reparue en bordure de berge. Celles ci son souvent quelque peu creusée par en dessous. Sloe la repéra et se dirigea sur elle, mais l'oie tout en douceur sembla se plaquer à la surface de l'eau comme pour s'y fondre et longeait la berge comme pour s'y incruster.
Elle échappa ainsi visuellement au repérage de Sloe, mais celui ci utilisa l'arme légendaire du chien : le nez.
En arrivant dans la berge, il trouvait place vide. Il a alors marqué un petit temps d'arrêt aspirant les traces odoriférantes laissées par l'oie. Là il a pivoté sur sa gauche et a suivi la trace olfactive et furtive laissée par l'oie. Contrairement aux actions de poursuite, il nageait en souplesse et bien plus lentement. De ma place je voyais parfaitement la scène, j'ai vu l'oie tenter de se soustraire ainsi à mon labrador et je voyais clairement Sloe assurer un pistage efficace à la surface de l'eau.
Ainsi, il finit par s'en approcher au plus près mais, vous vous en doutez bien, elle a de nouveau plongé! Sloe a alors repris ses ronds cherchant à repérer la réapparition de la Bernache.
Et il l'a de nouveau repéré.
Le ballet s'est renouvelé.

Dire exactement combien de fois le scénario s'est répété, je dirais six fois, si je me trompe c'est alors sept ou huit!

Cela implique un bel entêtement dans l'action de chasse menée par Sloe, assurément c'est un chien de caractère.

Il fût une dernière poursuite où l'oie ne plongea pas assez tôt et Sloe l'attrapa du bout des dents par le croupion, les plumes du croupion me sembla-t-il.

Une autre partie se joua.
L'oie a plongé, elle a entraîné avec elle mon labrador dont je vis disparaître toute l'avant main et le corps sous l'eau, seul son arrière main restait apparente.
Le temps me parût bien long.

Sloe a du donner un sacré coup de rein car  je le vis ré-apparaître, agrippant toujours la Bernache par le croupion.
Celle ci, en furie,  battait des ailes pour se soustraire à la prise de Sloe.
Elle voulais sans doute l'amener à lâcher prise et plonger de nouveau.
Là à un moment il s’arque bouta, s'appuyant en quelque sorte sur l'eau, et refît sa prise.
Il la tenait par le croupion  et plus, il en avait plein la gueule!
Je ne sais pas comment il a fait...
Il la maîtrisait enfin.
Il a su pivoter sur sa gauche, poussant l'oie captive devant lui. Il est arrivé face à la berge l'a soulevée, est sorti de l'eau.
Je ne l'ai pas embêté à jouer au dresseur, j'étais tout près.
Je me suis saisi de l'oie, que j'ai immobilisée.
Sloe, authentique Retriever me laissa faire.
Je le félicitait de la voix et lui donnais quelques uns des biscuits qui me suivent partout.
J'achevais rapidement et proprement cette oie qui a mis en valeur les compétences de Sloe.
Elle est au pied de celui ci sur la photo de bannière.

Je profite de l'occasion pour remercier Luc de m'avoir confié son labrador pour le préparer et le conduire en compétition.
C'est un grand honneur.
Sloe est un chien doux dans la vie et le dressage, il est un guerrier en action de chasse.
Luc et moi, remercions Nathalie Counesson, éleveuse sous l'affixe "of Glaharama" pour avoir fait naître un tel labrador.

Article mise à jour le 8 oct. 2021

Gilles Testard

Le Retriever au travail que ce soit en Working Test, en Field Trial, mais avant tout en Picking Up, c'est ma motivation, mon hobbie, ma passion. Les Spaniels : Springers et Cockers le sont presque autant.

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